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gée, échangée, subir toutes les mutations imaginables, sans que l’immeuble soit entamé jamais. Le reste est affaire de police ; nous n’avons point à nous en occuper.


3. Division du travail, forces collectives, machines.
Compagnies ouvrières.


La propriété foncière, en France, intéresse les deux tiers des habitants ; cette proportion doit augmenter encore. Après le crédit, qui gouverne tout, c’est la plus grande de nos forces économiques ; c’était donc par elle que nous devions procéder en second lieu à l’organisation révolutionnaire.

Le travail agricole, constitué sur cette base, apparaît dans sa dignité naturelle. C’est de toutes les occupations la plus noble, la plus salutaire au point de vue de la morale et de l’hygiène, et sous le rapport de l’exercice intellectuel la plus encyclopédique. Par toutes ces considérations, le travail agricole est celui qui exige le moins, disons mieux, qui repousse avec le plus d’énergie la forme sociétaire : jamais on ne vit de paysans former une société pour la culture de leurs champs, on ne le verra jamais. Les seuls rapports d’unité et de solidarité qui puissent exister entre laboureurs, la seule centralisation dont l’industrie rurale soit susceptible, nous l’avons indiquée ; c’est celle qui résulte de la compensation du produit net, de la mutualité de l’assurance, et surtout de l’abolition de la rente, abolition qui rend les agglomérations foncières, le morcellement du sol, le servage du paysan, la dissipation des héritages, à tout jamais impossibles.

Il en est autrement de certaines industries, qui exigent l’emploi combiné d’un grand nombre de travail-