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moi des expériences ruineuses. Quant à l’événement, il sera tel, en dernier résultat, que je viens de le définir : la plus grande des puissances, la nécessité des choses, d’accord avec le cœur humain, le veut ainsi. Le fermier qui ne reconnaîtrait d’autre propriétaire que l’État se serait bientôt mis à la place de l’Etat ; il traiterait sa possession en vrai propriétaire. Il s’établirait entre laboureurs, pour la transmission des fermes, le même usage qu’entre les notaires, greffiers, etc., pour la vente des offices ; et comme les paysans en France seront toujours les plus forts, ils auraient bientôt consacré, par un vigoureux décret, ce qu’il aurait plu à certains utopistes de considérer comme une usurpation.

Allons donc au-devant d’une solution inéluctable, que l’intérêt des campagnes, la conservation du sol, l’équilibre des fortunes et la liberté des mutations appellent, et que la réforme financière indique et sollicite. Il est ridicule de vouloir soumettre les masses humaines, au nom de leur propre souveraineté, à des lois auxquelles leurs instincts répugnent : il est d’une saine politique, au contraire, il est juste et vraiment révolutionnaire, de leur proposer ce que cherche leur égoïsme, et qu’elles peuvent acclamer d’enthousiasme. L’égoïsme du peuple, en matière politique, est la première des lois.

Que l’Assemblée de 1852, Constituante ou Législative, donne l’impulsion ; qu’elle arrête, en même temps que le fermage, ce morcellement absurde, qui est un désastre pour la fortune publique ; qu’elle profite de la grande liquidation du sol, pour recomposer les héritages et en empêcher à l’avenir la dissémination. Avec les facilités du remboursement par annuités, la valeur de l’immeuble peut être indéfiniment parta-