Page:Proudhon - Idée générale de la Révolution au dix-neuvième siècle.djvu/248

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

moi-même qui, en remplissant mon obligation, suis mon gouvernement.

Si donc le contrat que je fais avec quelques-uns, je pouvais le faire avec tous ; si tous pouvaient le renouveler entre eux ; si chaque groupe de citoyens, commune, canton, département, corporation, compagnie, etc., formé par un semblable contrat et considéré comme personne morale, pouvait ensuite, et toujours dans les mêmes termes, traiter avec chacun des autres groupes et avec tous, ce serait exactement comme si ma volonté se répétait à l’infini. Je serais sûr que la loi ainsi faite sur tous les points de la République, sous des millions d’initiatives différentes, ne serait jamais autre chose que ma loi, et si ce nouvel ordre de choses était appelé gouvernement, que ce gouvernement serait le mien.

Ainsi le principe contractuel, beaucoup mieux que le principe d’autorité, fonderait l’union des producteurs, centraliserait leurs forces, assurerait l’unité et la solidarité de leurs intérêts.

Le régime des contrats, substitué au régime des lois, constituerait le vrai gouvernement de l’homme et du citoyen, la vraie souveraineté du peuple, la République.

Car le contrat, c’est la Liberté, premier terme de la devise républicaine : nous l’avons surabondamment démontré dans nos études sur le principe d’autorité et sur la liquidation sociale. Je ne suis pas libre quand je reçois d’un autre, cet autre s’appelât-il la Majorité ou la Société, mon travail, mon salaire, la mesure de mon droit et de mon devoir. Je ne suis pas libre davantage, ni dans ma souveraineté ni dans mon action, quand je suis contraint de me faire rédiger ma loi par un autre, cet autre fût-il le plus habile et le plus juste des arbitres. Je ne suis plus libre du tout, quand je suis