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raccordé avec le droit à la plus-value et remanié de fond en comble. Quelque bonne volonté qu’y mettent les représentants, quelques lumières qu’ils y apportent, je doute qu’ils parviennent à faire une loi qui satisfasse leurs commettants et leur amour-propre. Une loi qui dégage, qui consacre et qui règle, dans toutes les circonstances, le droit à la plus-value et les conséquences qu’il traîne après lui, est tout simplement une loi impossible. C’est ici un de ces cas où le Droit, malgré son évidence, échappe aux définitions du législateur.

Le droit à la plus-value a encore un autre défaut bien plus grave, c’est de manquer de logique et d’audace.

De même que la propriété n’augmente de valeur que par le travail du fermier, de même elle ne conserve sa valeur acquise que par ce même travail. Une propriété abandonnée ou mal soignée perd et se détériore, autant que dans le cas contraire elle profite et s’embellit. Conserver une propriété, c’est encore la créer, car c’est la refaire tous les jours, à fur et mesure qu’elle périclite. Si donc il est juste de reconnaître au fermier une part dans la plus-value que par son travail il ajoute à la propriété, il est également juste de lui reconnaître une autre part pour son entretien. Après avoir reconnu le droit à la plus-value, il faudra reconnaître le droit de conservation. Qui fera ce nouveau règlement ? qui saura le faire entrer dans la législation, le faire cadrer avec le Code ?…

Remuer de pareilles questions, c’est jeter la sonde dans des abîmes. Le droit à la plus-value, si cher au cœur du paysan, avoué par la loyauté d’un grand nombre de propriétaires, est impraticable, parce qu’il manque de généralité et de profondeur, en un mot,