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temps disputé avec cette canaille : j’en demande pardon à l’Humanité. Ils sont les plus forts ! prenons patience. Il y a des retours aux choses d’ici-bas…

Je m’adresse aux hommes de bon sens et de bonne foi. Si, par le cours naturel des choses, par la loi du marché, l’intérêt de l’argent tombait généralement en France à 3 p. %, il n’y a personne qui ne trouvât qu’une conversion du 5, du 4 ½ et du 4 en 3 fût chose parfaitement légitime. Pourquoi donc cesserait-elle de l’être si, par un acte de la volonté souveraine, par un progrès de la raison publique et une transaction entre tous les intérêts, le principe créditez-vous les uns les autres, qui n’est aujourd’hui que de conseil, devenait le premier article du pacte social ? si, en vertu de cette loi du Pays, dont on voit poindre déjà la première lueur dans les associations pour le bon marché, le prix du numéraire tombait au niveau des frais d’administration de la Banque ? Toutes les affaires étant subordonnées au mouvement de l’escompte public, quelle iniquité y aurait-il à ce que la réciprocité fût exigée des créanciers de l’État ? Et parce que la dette aurait été contractée avant la loi, s’ensuivrait-il que le capital prêté dût en être affranchi ? Ne suffirait-il pas, pour que la non-rétroactivité fût observée à son égard, que la loi ne s’étendît pas aux termes antérieurs et ne frappât que ceux à échoir postérieurement ?

Ce que la Société fait pour tous, elle a droit de l’attendre de chacun ; la même remise dont elle fait jouir les citoyens sur leurs escomptes, elle doit en profiter à son tour sur les intérêts qu’elle paye. La première est la mesure de la seconde : telle est la loi de la Réciprocité, la loi du Contrat, hors de laquelle il n’est que misère et servitude pour le producteur.