Page:Proudhon - Idée générale de la Révolution au dix-neuvième siècle.djvu/218

Cette page a été validée par deux contributeurs.

c’est de la Révolution. Alors, vous n’avez qu’un moyen, c’est d’enlever aux capitaux particuliers l’industrie de l’escompte, et de fixer partout l’intérêt du commerce à 1/2 ou 1/4 p. %. Par cette mesure les capitaux affluent à la Bourse : vous convertissez et amortissez jusqu’à extinction.

Entre la Réaction et la Révolution, voilà toute la différence !

Or, puisque j’ai commencé de donner mon opinion, je dirai qu’à mon avis la meilleure marche à suivre, la plus sûre, la plus équitable, c’est de faire pour la Dette comme pour la Banque, d’anéantir d’un seul coup l’intérêt. Je veux dire qu’à partir du jour du décret, les intérêts, que l’on continuerait de payer, comme devant, aux porteurs d’inscriptions, leur seraient comptés en déduction du principal, à titre d’annuités, ledit principal fixé, quel que fût l’état de la Bourse, au pair, et la différence du cours au pair devant tenir lieu de prime pour le délai du remboursement.

Oh ! je sais bien que les rentiers, les joueurs de Bourse, toute la séquelle financière, crieront à la spoliation, parce que l’État, au lieu d’opérer sur le principal, comme cela se fait tous les jours à la Bourse, opérerait sur l’intérêt. Admirez la morale bancocratique ! La spéculation agioteuse, qui exagère ou atténue le capital inscrit, la valeur réelle, en conservant le même intérêt, est chose légitime : le décret du Souverain au contraire, qui, suivant l’impulsion de la Banque, annulerait l’intérêt, la valeur instable, abusive, en restituant intégralement le Capital, serait vol ! Et ces gens-là se disent économistes, moralistes, jurisconsultes, hommes d’État ! il y en a même qui se font passer pour chrétiens ! Soit. J’ai trop long-