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dications que fournit la pratique financière, que les Représentants du peuple, porteurs des cahiers de leurs départements, utilisant la qualité que leur donne la Constitution politique de 1848, rendent un décret, par lequel la Banque de France serait déclarée, non pas propriété de l’État, je dirai pourquoi tout à l’heure, mais établissement d’utilité publique, et la liquidation de la compagnie ordonnée.

Ce n’est pas tout.

La Banque de France, devenant établissement d’utilité publique, ayant pour capitalistes ses propres clients, n’aurait d’intérêts à servir à personne. D’abord, l’axiome de droit, Res sua nulli servit, y est contraire. Ensuite, le bien général, qui veut que l’argent, comme la viande, le vin et les autres marchandises, soit donné au meilleur marché possible, s’y opposerait. Tous les commerçants et industriels le reconnaissent : c’est la cherté de l’argent et des capitaux qui entretient la misère dans notre pays, et qui fait notre infériorité vis-à-vis de l’Angleterre.

L’intérêt de l’argent, à la Banque actuelle, est 4 : ce qui veut dire, 5, 6, 7, 8 et 9 chez les autres banquiers, qui, presque seuls, ont la faculté d’escompter à la Banque.

Or, cet intérêt appartenant au public, le public serait maître de le réduire, à volonté, à 3, 2, 1, 1/2 et 1/4 p. %, suivant qu’il trouverait plus d’avantage à tirer de la Banque un gros revenu, ou à faire ses affaires à meilleur compte.

Qu’on entre dans cette voie de réduction, pour si peu que ce soit, qu’on la parcoure avec la lenteur qu’on voudra : le plus ou le moins de célérité ne fait rien à la chose. Mais je dis qu’alors la tendance sociale, en ce qui concerne l’escompte et le prix de l’ar-