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Ainsi nous connaissons de la Révolution les parties essentielles :

Sa cause : l’anarchie économique qu’a laissée après elle la Révolution de 1789.

Son motif : une misère progressive, systématique, dont le gouvernement se trouve bon gré, mal gré, le promoteur et le soutien.

Son principe organique : la réciprocité, en style juridique, le contrat.

Son but : la garantie du travail et du salaire, et par là l’augmentation indéfinie de la richesse et de la liberté.

Ses partis, que nous divisons en deux catégories : les écoles socialistes, qui invoquent le principe d’Association ; les fractions démocratiques, qui se rattachent encore au principe de la centralisation et de l’État.

Enfin ses adversaires : les partisans du statu quo capitaliste, théologique, agioteur, gouvernemental, tous ceux enfin qui vivent moins du travail que des préjugés et du privilége.

Déduire le principe organisateur de la Révolution, l’idée à la fois économique et juridique de la réciprocité et du contrat, en tenant compte des difficultés et oppositions que cette déduction doit rencontrer soit de la part des sectes, partis, coteries révolutionnaires, soit du côté des défenseurs du statu quo et réacteurs ; exposer, par le raisonnement, cet ensemble de réformes et d’institutions nouvelles, où le travail trouve sa garantie, la propriété sa mesure, le commerce sa balance, et le gouvernement son congé : c’est raconter, au point de vue intellectuel, l’histoire de la Révolution.

Ce que je vais faire, de même que ce que j’ai fait déjà, n’est donc ni prophétie, ni excitation, ni appel.