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ment de sa queue pour que je ménage en lui le vice secret des démocrates, ferment corrupteur de toute république, l’Envie. C’est Robespierre qui en 94, ouvrant la porte à ceux qu’on appela depuis thermidoriens, a perdu la Révolution ; c’est à l’exemple et sur l’autorité de Robespierre que le socialisme, en 1797 et 1848, a été proscrit ; c’est Robespierre qui, aujourd’hui, nous ramènerait à un nouveau brumaire, si cette hypocrite et détestable influence n’était à la fin anéantie.

Une révolution est toujours traversée par des partis et des coteries qui travaillent à la dénaturer, pendant que ses adversaires naturels la combattent. Le christianisme a eu, dès le principe, ses hérésies, et plus tard son grand schisme ; la Réforme, ses confessions et ses sectes ; la Révolution française, pour ne citer que les noms les plus fameux, ses Constitutionnels, ses Jacobins et ses Girondins.

La Révolution, au dix-neuvième siècle, a aussi ses utopistes, ses écoles, ses partis, tous plus ou moins rétrogrades, images des types réactionnaires. Là vous trouvez, comme dans les rangs de la réaction, des amis de l’ordre, qui, alors que la résignation la plus profonde règne parmi les démocrates persécutés, se déclarent prêts à marcher contre l’anarchie ; des sauveurs de la société, pour qui la société est tout ce que la Révolution désavoue ; des justes-milieux, dont la politique consiste à faire la part de la Révolution, comme on fait celle de l’incendie ; des radicaux, à qui le jargon révolutionnaire tient lieu d’idées ; des terroristes enfin qui, ne pouvant être des Mirabeaux ou des Dantons, accepteraient l’immortalité des Jourdan Coupe-tête et des Carrier. Aux uns la Constitution de 1848, aux autres le Gouvernement direct, à ceux-ci la Dictature,