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vœux secrets de la majorité de la Convention. Il se sentait d’accord avec elle sur les principes ; il n’ignorait pas non plus sans doute que la diplomatie étrangère commençait à voir en lui un homme d’État avec lequel il serait possible de s’entendre. Il ne pouvait douter que les honnêtes gens de la Convention, qu’il avait toujours ménagés, ne fussent ravis de rentrer dans le constitutionnalisme, objet de tous leurs vœux, et du même coup de se voir délivrés d’un certain nombre de démocrates, dont l’énergie sanguinaire épouvantait leur juste-milieu. Le coup était bien monté, la partie habilement conçue, l’occasion on ne pouvait plus favorable. Ce qui arriva aussitôt après thermidor, les procès faits aux révolutionnaires, la Constitution de l’an V, la politique du Directoire et Brumaire, ne fut qu’une suite d’applications des idées de Robespierre. La place de cet homme était à côté des Sieyès, des Cambacérès et autres, qui, sachant parfaitement à quoi s’en tenir sur le Gouvernement direct, voulaient revenir au plus tôt à l’indirect, dût la réaction qu’ils allaient commencer contre la démocratie les pousser jusqu’à l’empire.

Malheureusement pour lui, Robespierre avait peu d’amis dans la Convention : son projet n’était pas clair ; à des hommes qui le voyaient de près, son génie inspirait peu de confiance ; il s’attaquait à trop forte partie ; et puis il y avait pour lui ce danger que la majorité constitutionnelle et bourgeoise de la Convention, à laquelle il s’adressait, qu’il faisait ainsi maîtresse de la position, ne s’emparât de l’idée qu’il lui suggérait, et ne la retournât à la fois et contre l’auteur et contre ses rivaux.

Ce fut précisément ce qui arriva.

Les chefs de la majorité, cajolés par Robespierre,