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Donnons des exemples.

Supposons que la question posée soit celle-ci : Le gouvernement sera-t-il direct ou indirect ?

Après le succès qu’ont obtenu dans la démocratie les idées de MM. Rittinghausen et Considérant, on peut présumer, avec une quasi-certitude, que la réponse, à l’immense majorité, sera direct. Or, que le gouvernement soit direct, ou qu’il soit indirect, il reste au fond toujours le même : l’un ne vaut pas mieux que l’autre. Le peuple consulté, s’il répond non, abdique ; s’il dit oui, se jugule. Que dites-vous de ce résultat ?

Autre question.

Y aura-t-il deux pouvoirs dans le gouvernement, ou n’y en aura-t-il qu’un seul ? En termes plus clairs : Nommera-t-on un Président ?

Dans l’état actuel des esprits, nul doute que la réponse, inspirée par un républicanisme qui se croit avancé, ne soit négative. Or, ainsi que le savent tous ceux qui se sont occupés d’organisation gouvernementale, et que je le prouverai tout à l’heure, le peuple, en cumulant tous les pouvoirs dans une même Assemblée, sera tombé de fièvre en chaud mal. La question, cependant, paraissait si simple !

L’Impôt sera-t-il proportionnel ou progressif ?

À une autre époque, la proportionnalité semblait chose naturelle ; aujourd’hui, le préjugé a tourné : il y a cent à parier contre un que le peuple choisira la progression. Eh bien ! dans l’un comme dans l’autre cas, le souverain commettra une injustice. Si l’impôt est proportionnel, le travail est sacrifié ; s’il est progressif, c’est le talent. Dans tous les cas l’intérêt public est lésé et l’intérêt particulier en souffrance : la science économique, supérieure à tous les scrutins,