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féodaux qui furent abolis, et de la vente des biens nationaux qui furent repris, ce serait s’avancer beaucoup ; ce qu’il faut avouer toutefois, et qui est certain, c’est que cette nouvelle reculade du principe gouvernemental fit avancer d’autant la négation révolutionnaire. Là est le motif réel, décisif, qui nous rend, à nous qui ne considérons que le droit, la monarchie constitutionnelle préférable à la monarchie tempérée, de même que la démocratie représentative ou le régime du suffrage universel nous paraît préférable au constitutionnalisme, et le Gouvernement direct préférable à la représentation.

Mais on peut prévoir déjà qu’arrivé à ce dernier terme, le Gouvernement direct, la confusion sera au comble, et qu’il ne restera à faire que l’une ou l’autre de ces deux choses : ou recommencer l’évolution, ou bien procéder à l’abolition.

Reprenons notre critique.

La souveraineté, disent les Constitutionnels, est dans le Peuple. Le Gouvernement émane de lui. Que la Nation, dans sa partie la plus éclairée, soit donc appelée à élire ses citoyens les plus notables par leur fortune, leurs lumières, leurs talents et leurs vertus, les plus directement intéressés à la justice des lois, à la bonne administration de l’État, et les plus capables d’y concourir. Que ces hommes, périodiquement assemblés, régulièrement consultés, entrent dans les conseils du prince, participent à l’exercice de son autorité : on aura fait tout ce qu’il est possible d’attendre de l’imperfection de notre nature pour la liberté et le bien-être des hommes. Alors le Gouvernement sera sans danger, toujours en communion avec le Peuple.

Certes ce sont là de grandes paroles, mais qui attesteraient une insigne rouerie, si depuis 89, et grâce