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bition perverse qui se fait un marchepied du dévouement et de la crédulité.

Non, l’antique serpent ne prévaudra pas : en enfilant cette question du gouvernement direct, il s’est lui-même étranglé. À présent que nous possédons, dans une même antithèse, l’idée politique et l’idée économique, la Production et le Gouvernement ; que nous pouvons les déduire parallèlement l’une à l’autre, les éprouver, les comparer : la réaction du néo-jacobinisme n’est plus à craindre. Ceux que le schisme de Robespierre fascinait encore seront demain les orthodoxes de la Révolution.


II. Critique générale de l’idée d’Autorité.


J’ai démontré, dans la première partie de cette étude, trois choses :

1o Que le principe d’autorité et de gouvernement a sa source dans la donnée empirique de la famille ;

2o Qu’il a été appliqué par tous les peuples, d’un consentement unanime, comme condition d’ordre social ;

3o Qu’à un moment donné de l’histoire, ce principe a commencé d’être nié spontanément et remplacé par une autre idée, qui jusque-là lui semblait subalterne, l’idée de Contrat, laquelle suppose un ordre tout différent.

Dans cette seconde partie, je rappellerai sommairement les causes, ou comme qui dirait les considérants, tant de fait que de droit, qui conduisent la société à nier le pouvoir, et qui motivent sa condamnation. La critique qu’on va lire n’est pas la mienne, c’est celle des peuples eux-mêmes ; critique recommencée maintes fois, et toujours sur des données dif-