Page:Proudhon - Idée générale de la Révolution au dix-neuvième siècle.djvu/145

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

nent dans Rousseau comme des théorèmes de géométrie, il n’a jamais existé de démocratie véritable, et qu’il n’en existera jamais, attendu que dans la démocratie, c’est le plus grand nombre qui doit voter la loi, exercer le pouvoir, tandis qu’il est contraire à l’ordre naturel que le grand nombre gouverne, et le petit soit gouverné ;

Que le Gouvernement direct est surtout impraticable dans un pays comme la France ; parce qu’il faudrait avant toutes choses égaliser les fortunes, et que l’égalité des fortunes est impossible ;

Qu’au reste, et précisément à cause de l’impossibilité de tenir les conditions égales, le Gouvernement direct est de tous le plus instable, le plus périlleux, le plus fécond en catastrophes et en guerres civiles ;

Que les anciennes démocraties, malgré leur petitesse et le secours puissant que leur prêtait l’esclavage, n’ayant pu se soutenir, ce serait en vain qu’on essayerait d’établir cette forme de Gouvernement parmi nous ;

Qu’elle est faite pour des dieux, non pour des hommes.

Après s’être de la sorte et longtemps moqué de ses lecteurs, après avoir fait, sous le titre décevant de Contrat social, le code de la tyrannie capitaliste et mercantile, le charlatan genevois conclut à la nécessité du prolétariat, à la subalternisation du travailleur, à la dictature et à l’inquisition.

C’est le privilége des gens de lettres, à ce qu’il paraît, que l’art du style leur tient lieu de raison et de moralité.

Jamais homme n’avait réuni à un tel degré l’orgueil de l’esprit, la sécheresse de l’âme, la bassesse des inclinations, la dépravation des habitudes, l’ingratitude