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» Plus de présidence,

» Plus de représentation,

» Plus de délégation,

» Plus d’aliénation du pouvoir :

» Gouvernement direct,

» Le Peuple ! dans l’exercice permanent de sa souveraineté : »

Qu’y a-t-il donc au fond de cette ritournelle qu’on a reprise comme une thèse neuve et révolutionnaire, et que n’aient connu, pratiqué, longtemps avant notre ère, Athéniens, Béotiens, Lacédémoniens, Romains, etc. ? N’est-ce pas toujours le même cercle vicieux, toujours cette même descente vers l’absurde, qui, après avoir épuisé, éliminé successivement, monarchies absolues, monarchies aristocratiques ou représentatives, démocraties, vient tourner borne au gouvernement direct, pour recommencer par la dictature à vie et la royauté héréditaire ? Le gouvernement direct, chez toutes les nations, a été l’époque palingénésique des aristocraties détruites et des trônes brisés : il n’a pas même pu se soutenir chez des peuples qui, comme Athènes et Sparte, avaient pour se l’appliquer l’avantage d’une population minime et du service des esclaves. Il serait pour nous le prélude du césarisme, malgré nos postes, nos chemins de fer, nos télégraphes ; malgré la simplification des lois, la révocabilité des fonctionnaires, la forme impérative du mandat. Il nous précipiterait d’autant plus vite vers la tyrannie impériale, que nos prolétaires ne veulent plus être salariés, que les propriétaires ne souffriraient pas qu’on les dessaisît, et que les partisans du gouvernement direct, faisant tout par la voie politique, semblent n’avoir aucune idée de l’organisation économique. Un pas de plus dans cette voie, et l’ère des Césars est à son