crates, indigné de la corruption de ses princes, il proclame sa propre souveraineté, c’est-à-dire l’autorité de ses propres suffrages ?
Il se dit :
Avant toutes choses, il faut de l’ordre dans une société.
Le gardien de cet ordre, qui doit être pour nous la liberté et l’égalité, c’est le Gouvernement.
Ayons donc sous la main le Gouvernement. Que la Constitution et les lois deviennent l’expression de notre volonté ; que fonctionnaires et magistrats, serviteurs élus par nous, toujours révocables, ne puissent jamais entreprendre autre chose que ce que le bon plaisir du peuple aura résolu. Nous sommes certains alors, si notre surveillance ne se relâche jamais, que le Gouvernement sera dévoué à nos intérêts ; qu’il ne servira pas seulement aux riches, ne sera plus la proie des ambitieux et des intrigants ; que les affaires marcheront à notre gré et pour notre avantage.
Ainsi raisonne la multitude à toutes les époques d’oppression. Raisonnement simple, d’une logique on ne peut plus terre à terre, et qui jamais ne manque son effet. Que cette multitude aille jusqu’à dire, avec MM. Considérant et Rittinghausen : Nos ennemis, ce sont nos commis ; donc gouvernons-nous nous-mêmes, et nous serons libres ; — l’argument n’aura pas changé. Le principe, à savoir le Gouvernement, étant demeuré le même, ce sera toujours la même conclusion.
Voilà quelques milliers d’années que cette théorie défraye les classes opprimées et les orateurs qui les défendent. Le gouvernement direct ne date ni de Francfort, ni de la Convention, ni de Rousseau : il est aussi vieux que l’indirect, il date de la fondation des sociétés.
« Plus de royauté héréditaire,