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de là, la solidarité de la maladresse comme de l’incapacité.

La formule de l’association est donc celle-ci, c’est Louis Blanc qui l’a donnée :

De chacun suivant ses facultés,

À chacun suivant ses besoins.

Le Code, dans ses diverses définitions de la société civile et commerciale, est d’accord avec l’orateur du Luxembourg : toute dérogation à ce principe est un retour à l’individualisme.

Ainsi expliquée par les socialistes et les juristes, l’Association peut-elle se généraliser, devenir la loi universelle et supérieure, le droit public et civil de toute une nation, de l’humanité elle-même ?

Telle est la question posée par les diverses écoles sociétaires, qui, tout en variant leur réglementation, se prononcent toutes, à l’unanimité, pour l’affirmative.

Et c’est à cela que je réponds : Non, le contrat d’association, sous quelque forme que ce soit, ne peut jamais devenir la loi universelle, parce qu’étant de sa nature improductif et gênant, applicable seulement dans des conditions toutes spéciales, ses inconvénients croissant beaucoup plus vite que ses avantages, il répugne également et à l’économie du travail, et à la liberté du travailleur. D’où je conclus qu’une même société ne saurait embrasser jamais ni tous les ouvriers d’une même industrie, ni toutes les corporations industrielles, ni à plus forte raison, une nation de 36 millions d’hommes ; partant, que le principe sociétaire ne contient pas la solution demandée.

J’ajoute que l’association, non-seulement n’est pas une force économique, mais qu’elle n’est applicable