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révolution. L’ennemi s’est établi dans votre domaine : que ses insultes vous servent de cri de ralliement. Vous, les aînés de la Révolution, qui avez vu naître et mourir tant de despotismes, depuis les Césars jusqu’aux cadets des Bourbons, vous ne pouvez faillir à votre destinée. Le cœur me dit que vous ferez encore quelque chose. Le peuple vous attend, comme en 89, 93, 1830, 1848. La Révolution vous tend les bras : sauvez le peuple, sauvez-vous vous-mêmes, comme faisaient vos pères, par la Révolution.

Pauvre Révolution ! tout le monde lui jette la pierre. Ceux qui ne la calomnient pas s’en méfient, et travaillent de leur mieux à lui donner le change. L’un vous parle de proroger les pouvoirs du président ; l’autre vous entretient de la fusion des deux branches, et de la nécessité d’en finir au plus vite par ce dilemme, monarchie ou démocratie. Celui-ci plaide pour la Constitution de 1848 ; celui-là se prononce pour la Législation directe… On dirait une conjuration d’empiriques contre l’idée de février.

Si cette politique pouvait servir à quelque chose, si elle était douée de la moindre vertu de conservation et de paix, je me tairais. Je n’aurais garde, Bourgeois, de troubler votre quiétude. Mais, qu’on l’affirme ou qu’on la nie, la Révolution fond sur vous avec une rapidité de mille