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engendrés par sa position précaire et fausse, non comme le résultat d’un abominable calcul.

Oui, le gouvernement est hypocrite, parce qu’il est forcé d’user tous les jours de dissimulation et de ruse ; de respecter certains préjugés tant aristocratiques que populaires ; de céder devant les erreurs de l’opinion, et de se transformer en agence d’intrigues ; il est d’autant plus hypocrite, que ceux qui l’escaladent sont plus fourbes et plus habiles.

Le gouvernement est dévorant : vous savez mieux que moi, monsieur le ministre, ce que lui coûtent certaines adhésions, et toutes les honteuses nécessités que le besoin d’exister le force à subir.

Le gouvernement est perverti par les mauvaises passions de ses adversaires, par le demi-savoir et la fausse prudence de ses partisans, par les concessions qu’on lui arrache, par ses propres défiances, par l’obstination surexcitée que lui inspirent les injustices et les calomnies de la presse, etc.

Le gouvernement est anti-national, parce que rien ne sied moins au caractère français que cet amphigouri d’ambitions et de cupidités, mais surtout parce que la forme parlementaire actuelle est la plus bête, je veux dire la moins française de toutes[1].

Le gouvernement, enfin, ne se connaît pas, parce qu’il ne sait d’où il vient, ni où il va, ni ce qu’il doit faire, ni comment il lui convient de se défendre.

De tout cela résulte un système de législation incertaine, une administration hésitante et embarrassée ; une magistrature antagoniste et des tiraillements sans fin qui font crier et jurer les pauvres patients.

Car pourquoi, je le demande, une mairie, institution du moyen âge, rivale d’une préfecture, création de l’empire ? Pourquoi un double parlement ? Pourquoi une jurisprudence administrative et une civile ; une procédure pour le criminel,

  1. Et quel gouvernement en France se fit jamais appeler gouvernement de l’étranger ?