figures grecques. Ce mélange de paganisme et de christianisme, outre qu’il était donné comme une réaction fatale contre l’ascétisme catholique, a eu son utilité,je le veux, ne fût-ce que pour nous remettre l’antiquité en mémoire, renouer la chaîne des temps, former la communion artistique du genre humain, et nous préparer à la Révolution. Mais ce n’en est pas moins une tâche toute secondaire.
Ce qui caractérise l’art et l’époque de la Renaissance, c’est le manque de principes, ou, si l’on aime mieux, une tolérance incompatible avec l’ardeur d’une conviction quelconque. L’Église triomphante est entrée dans son repos et dans sa gloire ; il semble que l’ère purifiante de la souffrance ne doive plus se reproduire pour elle. Quiétisme ou indifférence, elle entoure de la même protection les oeuvres franchement païennes et les conceptions mystiques. Elle ne se fâche ni des licences de l’Arétin, ni des grivoiseries de Boccace, ni des impiétés plus sérieuses de Rabelais. Dominante, elle se mire et s’admire dans tout ce qui est beau, serein, joyeux et heureux.
La Renaissance, comme but et lin de l’art, se manifeste dès le premier jour comme une dissolution générale. On dirait que l’art chrétien était, par nature, de même que le corps du Christ, à l’abri de la corruption, et que l’art grec ne sortit au quinzième siècle de son tombeau que pour se venger de son rival et l’entraîner avec lui.