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ÉVOLUTION HISTORIQUE

Rome, lorsque le triomphe de la papauté est complet, qu’elle pouvait se produire, alors et là surtout.

L’affirmation de l’Église triomphante, voilà l’originalité propre de la Renaissance. Quant à ses moyens, elle les a empruntés à l’antiquité grecque. Cela devait être. Le paganisme s’est infiltré dans le christianisme ; toutes les religions ont un fond commun, un même esprit, un même but ; en somme, il n’y a qu’une religion. Ce que l’on reproche au catholicisme italien est arrivé plus ou moins partout ; chaque peuple a retenu le plus qu’il a pu, en embrassant la religion nouvelle, de ses superstitions anciennes, de sa mythologie, de ses traditions et de ses dieux. On le reconnaît aux transformations, qui souvent se bornent à des changements de nom. Rome, par exemple, a dédié ses temples païens aux saints de la nouvelle religion ; ses églises, ses palais, ses monuments, ses colonnes, ses arcs de triomphe sont du pur style grec ; l’architecture et la sculpture gothiques n’ont pas pénétré au sud de l’Italie, restée plus païenne que les autres pays de l’Europe. Tandis que l’église du moyen âge pleure, gémit et fait pénitence dans ses tristes et anguleuses figures de saints, de réprouvés, de gargouilles, de démons, de danses macabres, l’ascétisme s’indique à peine dans l’Italie méridionale par quelques peintures.

Les artistes de la Renaissance, du moment où ils revenaient, par une réaction fatale contre l’époque an-