L’Égypte, en s’attachant surtout aux types, à des généralisations, manquait à l’une des conditions essentielles de l’art, qui est la vérité concrète ; elle s’en éloignait davantage encore en poursuivant un vain idéal de symétrie, d’uniformité, de figures de convention, enfin de fictions. Ce n’était pas sa faute : au début de la civilisation, l’homme, pensant par comparaison, analogies et images, ne pouvait élever plus haut son idéal. Il n’avait pas encore songé à s’observer lui-même ; il n’avait pas fait ses dieux à sa propre image ; plongé dans une sorte de panthéisme organique, il ne sentait pas la nature à l’unisson de son âme. Traversons la Méditerranée et entrons dans l’Hellade, à peine sortie du berceau, alors que l’Égypte, grand’mère du genre humain, compte son âge par plus de cinquante siècles : nous ferons un pas de plus.
Ici nous trouvons une religion décidément anthropomorphique. Les dieux se sont localisés, individualisés ; toutes les dynasties, maintenant éteintes, en