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ÉVOLUTION HISTORIQUE

but, l’art égyptien a été fidèle à sa haute mission et n’est resté inférieur à aucune autre. Or commenta-t-il rendu son idéal ? Voilà ce qui nous intéresse.

L’art égyptien est essentiellement métaphorique, comme les hiéroglyphes, emblématique, allégorique et symbolique, voilà pour les idées ; il est surtout typique, amoureux de la symétrie, de la méthode, de certaines s conventions, voilà pour les figures. Tous les visages de rois, de reines, de’prêtres, de guerriers, de simples particuliers, qu’on est d’abord tenté de prendre pour des portraits, autant que j’ai pu en juger sur de simples gravures, se ressemblent : Darius, Cambyse, les Ptolémées, Tibère lui-même, représentés en costume et dans une attitude égyptienne, ne paraissent pas différer d’Aménophis et de Sésostris. Ce sont toujours les mêmes poses, la même physionomie, la même expression conventionnelle. On dirait que les artistes égyptiens ont cru faire honneur à leurs maîtres étrangers en leur donnant les traits de la race indigène, regardée par eux comme la race par excellence, le plus noble échantillon de l’humanité. C’était une espèce de titre de nationalisation qu’ils leur délivraient.

Si les Égyptiens ont parfaitement rendu leur propre type, ils n’ont pas exprimé avec moins de fidélité et d’exactitude les types des nations à eux connues par la guerre et par la victoire : du premier coup d’œil on reconnaît dans leurs peintures murales, non-seulement