dans la superstition ; le croyant reste misérable ; l’art est accaparé par le prêtre.
Dans l’antique Egypte, l’homme est immergé dans la nature ; il se distingue à peine, comme genre, de l’animalité qui l’entoure ; il n’est pas sûr que ses aïeux ne furent pas des animaux ; en tout cas, il ne doute point que les dieux qui le protègent ne se révèlent à lui sous des formes bestiales. Sa religion est tout à la fois zoomorphique et anthropomorphique : son art procédera dela même inspiration. Sa langue, toute jeune, formée par analogie, essentiellement figurative ; son écriture, imaginée d’après sa langue, en partie idéographique et en partie alphabétique, comme nos rébus, achèveront d’imprimer à cet art leur caractère.
On trouve de tout dans la peinture et la statuaire égyptiennes : cérémonies religieuses, batailles, triomphes, travaux agricoles et industriels, chasse, pêche, navigation, supplices, scènes de la vie domestique, funérailles, et jusqu’à des caricatures, dérisions de l’ennemi. J’ignore s’ils faisaient des portraits ; il ne paraît ’pas qu’ils se soient occupés de paysages. L’histoire et la vie de l’Egypte, ses mœurs, ses pensées, sont représentées dans ses temples. Rien n’est oublié de ce que l’art peut entreprendre pour servir de monument et de glorification à une société : c’est tout à la fois une constatation historique embrassant un laps de six mille ans et une apothéose. Par le fond des choses et par le