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BUT ET DÉFINITION DE L’ART

égaux. Mais une telle sphère n’existe pas dans la nature, et il n’est pas moins impossible à l’industrie de la produire, rien de ce qui se réalise dans la matière ne pouvant être adéquat à son idée ; ce qui n’empêche pas le géomètre de supposer une semblable sphère et d’y ramener autant que possible ses applications. Nous ferions de mauvaise géométrie, de mauvaise mécanique, de mauvaise industrie, si, dans ces sortes d’affaires, nous négligions de nous rapprocher le plus possible de notre idéal.

D’après cette déduction, à la fois logique et étymologique, le mot idéal se dit donc de tout objet réunissant au plus haut degré toutes les perfections, plus beau que tous les modèles offerts par la nature : beauté idéale, figure idéale. On en a fait un substantif, l’IDÉAL, c’est-à-dire la forme parfaite qui se révèle à nous en tout objet, et dont cet objet n’est qu’une réalisation plus ou moins approchée ;

De cette explication il ressort que l’idéal, n’existant pas, ne peut pas davantage se représenter et se peindre : une pareille représentation est contradictoire. Une figure ne saurait réunir toutes les variétés du Français, être en même temps le portrait du Lyonnais, de l’Alsacien, du Béarnais ; bon gré mal gré, il faut que ce soit l’un ou l’autre, à moins que ce ne soit personne. Pareillement, l’art ne fera pas un animal idéal, à la fois quadrupède, oiseau, poisson, rep-