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ÉVOLUTION HISTORIQUE

En littérature, il faut revenir au style franc, net, vif, simple, précis, sobre de figures, sobre de couleurs, dépouillé de verbiage, de pompe inutile, de magnificence charlatanesque et de luxe vénal ; au style analytique, démonstratif et français par excellence, ennemi de la rhétorique, de l’hyperbole, des antithèses.

L’artiste, comme l’écrivain, est un créateur synthétique qui doit traiter avec un égal succès toutes les parties de l’art ; et bien loin de s’abandonner à celle où il excelle, il doit sans cesse lutter pour se mettre lui-même en équilibre, à moins qu’il ne travaille en collectivité, sous une direction unique. Dans ce cas, l’union de facultés également supérieures peut devenir un moyen de perfection pour les œuvres d’art ; mais ce sera toujours au détriment de l’artiste servant.

Au reste, nous n’empêchons pas que chacun, s’associant à son voisin pour une œuvre commune, travaille selon ses moyens ; ce que nous demandons, c’est que l’égalité soit respectée dans toutes les parties d’une œuvre. C’est faire une représentation boiteuse que de donner la supériorité soit au dessin, soit à la couleur. Ce qui importe ici est donc 1° qu’une œuvre ne soit pas boiteuse : 2° qu’il se forme une pensée nouvelle, commune, qui entretienne le génie, développe, crée une tradition, et multiplie, sans plus déchoir, les chefs-d’œuvre.

Il faut que les artistes, s’ils travaillent seuls, déve-