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ÉGYPTE : ART TYPIQUE

trais ce qui me manque : la montagne, le vignoble, la prairie, des chèvres, des vaches, des moutons, des moissonneurs, des bergerots.

Comment ne voyons-nous pas que ce débordement d’œuvres d’art, de monuments .des arts, n’a d’autre but, par une affreuse ironie, que de nous entretenir dans notre indigence ? Si notre éducation était faite, si nous exercions nos droits, si nous vivions de la vie libre, est-ce que’ nous aurions besoin d’écoles d’art et de prix de Rome ? Est-ce que ce nouveau Paris ne nous ferait pas horreur ? Nous nous serrons le ventre, et, faute de consommations plus réelles, nous nous repaissons de spectacles !

Une agglomération de mille petits propriétaires, logés chez eux, exploitant, cultivant, faisant valoir chacun leur patrimoine, leur industrie et leurs capitaux,.s’administrant et se jugeant eux-mêmes, ce chef d’œuvre politique, dont tous les autres ne sont que des accessoires, voilà ce que nous n’avons jamais su réaliser.

Artistes, professeurs et prêtres, académiciens et philosophes, tous font également mal leur devoir ; ils se sont faits instruments de misère et de dépression.

Il faut mesurer le degré d’abaissement des masses chez un peuple par l’exagération de ses œuvres d’art et l’importance donnée à ses artistes. Ç'a été le secret