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ÉGYPTE : ART TYPIQUE

salon : je ne m’explique pas qu’elle amuse et fasse plaisir. Ce sont des leçons qu’on répète, et je ne suis pas professeur. Autant j’aime le Stabat à l’église, dans les soirées de carême, le Dies irœ à une messe de mort, un oratorio dans une cathédrale, un air de chasse dans les bois, une marche militaire à la promenade, autant tout ce qui est hors de sa place me déplaît. Le concert est la mort de la musique.

Lorsque, par hasard, àune grande cérémonie ou solennité publique, il y a de la musique, elle est sans rapport avec l’objet de la réunion. A une distribution de prix on jouera l’ouverture de la Dame blanche ; à une érection de statue, une symphonie de Beethoven ; à un comice agricole, un air de la Favorite ; dans une assemblée d’actionnaires, rien du tout.

Le Corps législatif.se réunit : pas de musique, si ce n’est pour escorter l’empereur, lorsqu’il vient lire son message. On a fait ce qu’on a pu pour bannir l’éloquence, qui semble désormais comique et de mauvais goût ; on parle de sa place, de la façon la plus commune, la plus bourgeoise, comme chez nos voisins les Anglais.

Jadis, en se mettant à table, on récitait le Benedicite, et, après le repas, les Grâces ; c’était de la civilité, de l’art autant que de la dévotion. En entrant à l’école, on invoquait l’Esprit-Saint. Dans les cours de la Sorbonne et du Collège de France on ne dit plus rien :