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ÉVOLUTION HISTORIQUE

léré, le pas de charge, la retraite, le boute-selle, le couvre-feu ; l’élément de guerre enfin.

Tous les peuples ont obéi à cette loi : il y a des fanfares pour la chasse, le pacage, la pêche,le travail des rameurs ; des danses guerrières, danses religieuses, danses de mariage, danses de société.

En 89, nous avons fait la révolution aux chants de la Carmagnole, du Ça ira, de la Marseillaise, du Chant du départ, comme autrefois les Spartiates aux chants de Tyrtée, et les Francs aux chants de leurs bardes.

Pendant ma captivité à Sainte-Pélagie, en 1849, il y eut jusqu’à quatre-vingts prisonniers.politiques, nombre minime, si l’on pense aux milliers de déportés de cette triste époque. Tous les soirs, une demi-heure avant Ta fermeture des cellules, les détenus se groupaient dans la cour et chantaient la prière ; c’était un hymne à la Liberté attribué à Armand Marrast. Une seule voix disait la strophe, et les quatre-vingts prisonniers reprenaient le refrain, que répétaient ensuite les cinq cents malheureux détenus dans l’autre quartier de la prison. Plus tard ces chants furent interdits, et ce fut pour les prisonniers une véritable aggravation de peine. C’était de la musique réelle, réaliste, appliquée, de l’art en situation, comme les chants à l’église, les fanfares à la parade, et aucune musique ne me plaît davantage.

Je ne comprends pas la musique de concert et de