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ÉGYPTE : ART TYPIQUE

vase de cristal. Encore,pour ces derniers objets, n’ai-je pas besoin d’étude : tandis qu’une statuette de la Vénus suppose chez le propriétaire qu’il connaît la mythologie, qu’il a été au collège, qu’il a lu les auteurs, qu’il a une teinture de l’histoire des arts, qu’il a compris que les Grecs sont au nombre de nos aïeux. Que de truchements entre l’art grec et moi ! que de moyens termes !

Par exemple, pourquoi ces Vénus sont-elles nues ? Qui a pu se permettre de les représenter ainsi, quand on punirait l’exhibition de la statuette nue d’une bourgeoise ? Quel rapport entre cette nudité et ma conscience ? Comment me persuaderai-je que les dieux doivent être représentés, qu’ils sont nus, et cela précisément parce qu’ils sont des dieux ? Quelle excitation morale puis-je attendre de ces Vénus, de ces nymphes, de ces Grâces, de ces Muses ? Je sais que le caractère de beauté divine des statues grecques est de n’éveiller aucun sentiment déshonnête : cela devait être vrai surtout des Grecs. Mais moi, pendant le premier quart d’heure, je resterai calme ; si je prolonge ma contemplation, si j’y reviens tous les jours, cette beauté finira par me suggérer des pensers impurs : preuve qu’elle n’est pas faite pour moi, que sa perfection n’est que relative et son action esthétique temporaire ; hors de non milieu elle devient laide.

En un mot, je veux bien que l’œuvre d’art plaise à