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ÉVOLUTION HISTORIQUE

Ces causes se manifestent encore sous une autre forme : la décadence littéraire. Toute inspiration meurt, parce que la justice est morte.

L’art renaîtra un jour, et la littérature avec lui, et la liberté pareillement. Je ne crois pas que ce soit de sitôt, ni surtout en France.

La France, bien étudiée, n’a cessé de proclamer, depuis soixante-dix ans, par toutes les bouches de la renommée, son incurable impuissance. Elle veut bien qu’on l’amuse ; elle exige même, l’hypocrite, qu’on garde en l’amusant certaines convenances : rien ne la délecte comme une polissonnerie fine, une impudicité voilée. Au fond elle ne se soucie ni de littérature ni d’art, pas plus que de droit ou de morale. Tout ce qui se débite à cet égard dans les académies, les collèges, les journaux, les théâtres, les cours, est fiction pure, à laquelle personne ne croit.

Il faudrait, par un effort de raison, sortir l’art de la vieille ornière : on ne le fera pas ; l’artiste est traité comme l’écrivain.

Qui fait vivre une littérature ? Les idées nouvelles, produites avec vigueur et jeunesse ; non les discours académiques.

Je puis me citer sans orgueil, parce que je souffre depuis vingt-cinq ans persécution. J’ai contribué pour ma part, part petite, si l’on veut, au progrès de la langue et de la littérature. Trois hommes, dans l’éco-