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ÉGYPTE : ART TYPIQUE

œuvre ? Il existe de beaux garçons et de jolies filles dans la classe des paysans : pourquoi ne pas s’en tenir à ces modèles ? Dans la bourgeoisie, le clergé, la magistrature, l’armée, il y a pareillement de nobles visages, comme il y a de grandes vertus et de nobles cœurs. Pourquoi ne pas s’en tenir à ces natures distinguées ? L’humanité peut-elle être trop belle, trop honorée ? Et faut-il que l’homme occupe son talent, sa faculté poétique et imaginative à se rabaisser encore ? Ne vaut-il pas mieux l’encourager par de beaux exemples que l’humilier par l’image du vice ? L’empereur Constantin disait que, s’il voyait un prêtre tomber dans une faute, il le couvrirait de son manteau impérial. Constantin comprenait la vraie pédagogie ; il avait le vrai sentiment de l’art. Mieux vaut excitation que dépression. Beaux modèles que visages de canailles et de damnés ! A quoi bon cet étalage de la vilenie paysanesque, de la graisse bourgeoise et de l’épicurisme clérical ? L’art que vous préconisez est celui de l’enfer ; nous aimerions mieux celui du séjour céleste. Là-bas Tisiphone, dit-on, présente aux réprouvés un miroir où ils se reconnaissent : ce qui les rend à eux-mêmes insupportables ; envoyez-nous plutôt un ange gardien qui nous fasse voir tels que nous pouvons être, et que nous serons en suivant la sagesse.

Ainsi, répliquerai-je à ces critiques, vous n’acceptez l’art que comme une flatterie, un enjolivement perpé-