Page:Proudhon - Du principe de l'art et de sa destination sociale.djvu/317

Cette page n’a pas encore été corrigée
305
ÉGYPTE : ART TYPIQUE

que les figures de leurs dieux, à forme humaine, sont elles-mêmes typiques ; puisqu’ils n’ont pas osé, en se représentant eux-mêmes, nous montrer, dans la variété de l’expression et la vérité de nature, leurs visages ; puisque enfin ce que nous savons de leurs institutions prouve qu’ils n’étaient ni heureux ni libres.

Les Grecs ne l’ont pas connue, puisqu’ils ont cherché l’idéal pur, et que leur démocratie ne fut jamais que tyrannie, jalousie, anarchie et bientôt ruine. La plus belle âme grecque fut celle de Socrate, le plus laid de tous. Les Grecs, si artistes, étaient-ils heureux, libres et sages ?

La statuaire du temps de l’empire romain s’applique à des sujets plus humains et triomphe de difficultés plus grandes en devenant plus expressive. Le Gladiateur et le Laocoon sont en progrès sur Phidias.

Le moyen âge n’a pas connu la beauté humaine : il la fuyait, il la haïssait ; l’Évangile lui prêchait pénitence. La beauté était pour lui la source du péché. Les artistes de la Renaissance s’en sont peut-être moins éloignés que les Égyptiens, les Grecs, l’empire romain et le moyen âge ; car leurs saints et leurs vierges appartiennent à l’humanité ; mais ils ne l’ont vue que dans la sainteté et la béatification.

Cette beauté humaine, si rare, nous la cherchons, et il nous appartient de la produire, puisque nous voulons réaliser les conditions rationnelles du bien-