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ÉVOLUTION HISTORIQUE

poêles et nos cheminées ? des griffons sur nos fauteuils ?...

Pourquoi interdirais-je l’illustration des fables de La Fontaine, des contes de Perrault, et, à plus forte raison, de l’histoire d’Hérodote, de Tite Live ? Un écrivain a essayé de restituer le caractère historique de Jésus ; sans doute il n’a pu faire qu’une œuvre conjecturale : pourquoi la peinture n’essayerait-elle pas de restituer, d’après les historiens, les figures des grands hommes ? Par la même raison, je ne défends ni Christs, ni Vierges, ni martyrs.

Le tort, l’erreur, c’est de confondre tout cela dans la même estime ; d’accorder à des choses si diverses d’idées la même importance artistique ; de juger tout d’après la même critique, et d’oublier que ce qui peut être tolérable, digne d’éloge même, comme art conventionnel, souvenir d’une époque qui n’est plus, il est absurde de le citer comme témoignage de l’art contemporain, et de l’opposer aux œuvres anciennes.

Ainsi, tandis que pour la gent académique. la peinture dite d’histoire, servant à représenter des événements et des personnages d’une époque éloignée, est le premier de tous les genres, elle n’est pour moi qu’un genre secondaire. Elle n’est pas vraie, d’une vérité positive ; elle est toute d’hypothèse, et ne peut servir qu’indirectement,’par voie de fiction, au grand but de