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ÉGYPTE : ART TYPIQUE

Parvenu à ce degré d’élévation, l’art n’est plus ni vénal ni prostitué ; il ne peut pas le devenir : la prostitution est son contraire.

Puisque toutes ces écoles et les genres qu’elles représentent sont autant de moments ou époques diverses dans la grande évolution de l’art ; que chacune vient se résoudre dans la dernière, il s’ensuit qu’aucune ne peut entièrement s’évanouir et disparaître. L’art, en se développant, doit tout retenir ; il ne lui est pas défendu de revenir quelquefois sur lui-même, d’obéir à l’inspiration de son enfance et de sa jeunesse, et de prouver que, comme il est progressif, il est universel et éternel. Notre civilisation, d’ailleurs, est si compréhensive, si vaste, qu’elle admet toutes les œuvres ;qu’elle ouvre à tout ce qui est bon, beau, utile, un débouché.

Ainsi, que nous placions dans nos jardins, nos parcs. nos parterres, nos sur nos monuments, des statues mythologiques ou allégoriques, la Jeunesse. l’Abondance, Cères, Bacchus, des faunes, des nymphes, des Vénus, des Apollon, c’est notre droit ; et pourquoi pas ? Pourquoi renoncer à ces souvenirs ? Pourquoi proscrire nos premières années, rougir de notre jeunesse ? Pallas, Mnémosyne et les Muses sont-elles donc si mal placées à l’Académie ? la statue de la Nature, alma parens rerum Natura, au musée d’histoire naturelle ? Melpomène, Erato, Terpsychore au théâtre ? Thémis au palais de justice ? des sphinx sur nos