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ÉGYPTE : ART TYPIQUE

comprendre à rues lecteurs ce que je veux et que je cherche.

Courbet est un véritable artiste, de génie, de mœurs, de tempérament, et, comme tel, il a ses prétentions. ses préjugés, ses erreurs. Tout d’abord il se croit, à l’exemple de ses confrères, un homme universel. — Il faut en rabattre.

Doué d’une vigoureuse et compréhensive intelligence, il a de l’esprit autant qu’homme du monde ; malgré cela il n’est que peintre ; il ne sait ni parler ni écrire ; les études classiques ont laissé peu de traces chez lui. Taillé en hercule, la plume pèse à sa main comme une barre de fer à celle d’un enfant. — Quoi-qu’il parle beaucoup de série, il ne pense que par pensées détachées ; il .a des intuitions isolées, plus ou moins vraies, quelquefois heureuses, souvent-sophistiques. Il paraît incapable de construire ses pensées ; en cela encore il est purement artiste[1].

Dans ses généralisations irréfléchies, il croit que tout est changeant, la morale comme l’art ; que la justice, le droit, les principes sociaux sont arbitraires comme ceux de la peinture, et que lui, libre de peindre ce qu’il veut, l’est également de suivre les coutumes, de s’af-

  1. Le logicien et l’artiste sont en antithèse, les deux extrêmes ; mais, précisément pour cette raison, ils se comprennent et même se ressemblent. Ils sont l’un et l’autre comme l’idée et l’idéal ; le même bon sens les gouverne et les sauve.