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ÉVOLUTION HISTORIQUE

religieuse, une morale plus haute que celle des cultes autorisés par les lois ; si, comme autrefois, l’Église était la mère et la providence de l’État, certes, le tableau de Courbet serait d’une haute inconvenance : en montrant au grand jour les peccadilles du sacerdoce, il ébranlerait les fondements de la morale, et l’on aurait eu raison de le proscrire. Mais depuis la Révolution le rapport entre la religion et la société a été changé ; le législateur a pris sous sa protection"le pontificat ; le droit de l’homme s’est fait juge et maître du droit canon ; la morale s’est posée comme une dictée de la conscience, non plus comme un ordre d’en haut ; en sorte que la question de savoir laquelle offre le plus de garantie, d’une vertu fondée sur la droite raison ou d’une vertu établie sur l’idéal, s’est fatalement posée, et que la liberté de la discuter est devenue un article de notre droit public. Que dis-je ? la question est implicitement résolue contre l’Église par la constitution du pays ; et quand Courbet a composé son tableau, il n’a fait que se rendre l’interprète de la loi et de la pensée universelle. Son œuvre avait droit de bourgeoisie à l’Exposition, droit à l’Académie et au Musée.