Page:Proudhon - Du principe de l'art et de sa destination sociale.djvu/289

Cette page n’a pas encore été corrigée
277
ÉGYPTE : ART TYPIQUE

sement de l’homme par le transcendantalisme de la foi.

Mais ce que nous ne devons pas oublier, à peine de perdre le sens du tableau et d’en fausser complètement l’effet aussi bien que l’intention, c’est que ces prêtres sont tous sincères dans leur religion. Ils ont la foi de Jésus-Christ, ne vous y trompez pas ; à part le doyen et son neveu, signales comme douteux, les autres sont de vrais et zélés croyants. Ce qui les distingue entre les mortels est cette alliance d’une vertu si fragile avec l’énergie d’une croyance qui semble faite pour tout dompter, les passions et la chair, le monde et le diable. Telle est l’inévitable réaction de la nature contre l’idéal : à force d’exciter en eux l’amour des choses célestes, ils sont tombés dans le sensualisme. L’esprit du siècle, esprit de mollesse et de volupté, les a saisis ; ils aiment à bien vivre et à rien faire ; ils pèchent avec leurs pénitentes, leurs ouailles, et ils ont appris à n’en pas beaucoup rougir. Nous sommes hommes comme les autres, disent-ils avec une tranquille humilité ; ce n’est pas une raison pour injurier notre foi et nous accuser d’hypocrisie. Et plus ils pèchent, plus ils s’imaginent se sauver par la pratique de leurs sacrements et la méditation de leurs mystères, jusqu’au jour où, le démon du quiétisme s’emparant d’eux tout à fait, ils laissent de côté tout à la fois les exercices de la piété et les prescriptions de la morale.

S’il n’existait pas une raison supérieure à toute foi