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ÉGYPTE : ART TYPIQUE

gitimes, et les séductions de la chair et de l’idéal seront impuissantes contre vous : Non appropinquabit ad te malum ; vous résisterez aux assauts de la concupiscence et de l’orgueil, et conculcabis leoncm et draconem. Je vais plus loin : supposez qu’une fois, par exception, ces mêmes ecclésiastiques se réunissent pour traiter d’affaires temporelles, soit politiques, soit industrielles, soit scientifiques ; ce jour-là, soyez-en certain, il ne leur arrivera pas malheur. Qu’est-ce donc qui les rend si faibles ? qu’est-ce qui les entraine à ces écarts de régime, sujets de raillerie pour les paysans ? C’est qu’avant de se mettre à table ils ont, pendant une ou deux heures, parlé de théologie. Aussi pourquoi se moque-t-on de leur intempérance ? Précisément parce que, dans la sincérité de leur âme, ils ne sont occupés que de Dieu et de la religion. Là est la supériorité morale de la science profane sur la science sacrée, de l’action sur la contemplation.

Voyons maintenant dans ses détails le tableau de Courbet.

Chacun sait que le clergé rural est astreint par ses règlements à des conférences mensuelles ayant pour objet d’entretenir l’esprit de corps parmi les ecclésiastiques d’un même canton et de les exercer à la discussion des questions théologiques. Ces réunions pieuses, qui ont lieu tantôt chez l’un, tantôt chez l’autre, sont naturellement suivies d’un banquet con-