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ÉGYPTE : ART TYPIQUE

de sa destinée, aurait obtenu l’intelligence de l’idéal religieux, sous tant de rapports semblable à l’idéal des anciennes écoles ? Le Retour de la conférence est essentiellement de notre époque : il y a vingt-cinq ans, comme il y a vingt-cinq siècles, il était impossible.

Le prêtre, pour son malheur, est, comme l’artiste romantique et classique, adorateur de l’idéal et de l’absolu ; il n’en est pas le metteur en œuvre ; il n’est pas le maître de son idée, pas plus que de ses impressions ; il en est l’esclave ; c’est ce qui fait sa misère morale, et tôt ou tard amène une chute honteuse. Son dogme consiste à nier la vertu de l’homme et l’efficacité de sa conscience, absolument comme l’artiste classique en nie la beauté ; à mettre toute sa confiance dans la grâce divine, qui seule peut le préserver de la tentation ; semblable encore en cela à l’artiste qui fuit le secours de la réflexion et de la science, et ne compte que sur l’inspiration. Si bien enfin que, tandis que l’artiste arrive à l’impuissance par son idéal, le prêtre, dont la vie doit servir de modèle à ses frères, aboutit à l’immoralité par la théologie. C’est en vàin qu’il invoque, dans son ardente prière, l’Esprit de vie et de sanctification : Veni, creator Spiritus ; il n’en sera pas visité ; il ne doit s’attendre à aucun reconfort. Car le principe de notre vertu est en nous-mêmes, n’attendant pour se développer que le service de ses deux puissants auxiliaires, le travail et l’étude.