Page:Proudhon - Du principe de l'art et de sa destination sociale.djvu/277

Cette page n’a pas encore été corrigée
265
ÉGYPTE : ART TYPIQUE

avait des raisons suffisantes pour la faire. En dehors de la question d’art, il y a la politique... Mais on attribue à un écrivain de la presse périodique ce jugement, bien autrement sévère que l’exécution silencieuse de la police : « Le tableau de M. Courbet est une mauvaise action. » Voilà le gros mot lâché, la police, à tous les points de vue justifiée : la conception d’un artiste, la plus extraordinaire peut-être dont il ait jamais été fait mention dans les fastes de l’art, déshonorée. Il est heureux pour Courbet qu’on lui ait interdit la publicité : sans cela, vous les eussiez vus tous, ces entrepreneurs de critique, fruits secs de la littérature et de l’art, faiseurs et défaiseurs de réputations, s’en venir l’un après l’autre, comme les chiens de Panurge, lâcher leur urine sur une œuvre dont ils ne sont pas même capables de saisir l’idée.

Quoi ! ce serait pour satisfaire une vaine pensée de médisance, pour exciter l’hilarité d’un public grossier. indigne d’être appelé voltairien, qu’un homme, à qui l’on ne refuse après tout pas plus le bon sens que le talent, aurait bâti cette vaste machine, alors qu’il lui suffisait d’un pied carré de toile ; ce serait pour foudroyer une peccadille de trois ou quatre malheureux curés de village qu’il aurait lancé ce coup de tonnerre ! Des ecclésiastiques de campagne se sont réunis pour conférer entre eux des choses de leur ministère ; la conférence finie, ils se sont mis à table ; la conver-