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ÉGYPTE : ART TYPIQUE

...Un jour, dans le tableau de Vénus et Psyché, refusé en 1864, Courbet a entrepris de faire par la peinture ce que les moralistes Ézéchiel et Juvénal ont fait par la poésie : la satire des abominations de son temps. Mais les moyens du peintre ne sont pas ceux de l’écrivain. Il n’oserait peindre les phallus des Assyriens et des Égyptiens ; il n’oserait montrer Ooliba dans la posture décrite par le prophète : Denudavit quoque fornicationes suas, et discooperuit ignominiam suam ; il ne pourrait nous faire voir Messaline à son vingt-cinquième accouplement ; ni cette autre bramant comme une biche en rut à la vue d’un artiste ; ni celle-ci pissant, au clair de la lune, contre la statue de la Pudeur ; ni celle-là dont il est dit :


Ipsa medullinsefricturn crissantis adorat.


Ces choses sont impossibles à la peinture. Le peintre a donc été forcé de prendre un déguisement. Pas le moindre geste indécent, pas la moindre attitude lubrique, pas même de nudité complète. Une blonde endormie, qu’une jeune fille prendra naturellement pour une Psyché attendant l’Amour ; une brune arrivant dans la nuit, à pas de loup, et la regardant d’un œil qui peut exprimer la jalousie comme autre chose. Les habitants d’Ornans ont dû y voir deux femmes qui, pendant la canicule, ont ôté leurs chemises pour