produire les actes. En ce qui touche Courbet, je dis que ceux qui ont jeté le mépris sur les œuvres plus ou moins excentriques de cet artiste, et ceux qui en ont essayé l’apologie, admirateurs et détracteurs, ont fait preuve d’une médiocre judiciaire. Ils n’ont pas su analyser leur homme et le classer ; ils n’ont pas compris qu’en peinture, ni plus ni moins qu’en littérature et en toute chose, la pensée est la chose principale, la dominante ; que la question du fond prime toujours celle de la forme, et qu’en toute création de l’art, avant de juger la chose de goût, il faut vider le débat sur l’idée. Or, quelle est l’idée de Courbet, non-seulement dans tel de ses tableaux, mais dans l’ensemble de son œuvre ? Voilà ce qu’il convenait tout d’abord d’expliquer. Au lieu de répondre, on s’est hâté d’arborer un drapeau sur lequel on a écrit, sans savoir ce que l’on faisait, RÉALISME ; la critique a battu la campagne, et voilà Courbet, grâce à ce sobriquet métaphysique, devenu une sorte de sphinx, auquel depuis dix ans le progrès de l’art français semble accroché.
Je puis à mon tour me tromper : c’est ce dont le lecteur jugera ; mais il me semble que rien n’élait plus aisé, après avoir examiné une demi-douzaine de tableaux du célèbre novateur, les plus significatifs, que d’en dégager la pensée fondamentale ; cela fait, de juger la portée de l’innovation, de lui assigner son rang dans la série des écoles ; de préciser les règles d’après les-