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ÉVOLUTION HISTORIQUE

vient nul, et qu’il ne rentre en exercice qu’à l’égard des objets particuliers, des individus et de leurs actions, dont l’idée propre, c’est-à-dire la forme, figure ou image, nécessairement différente du type ou de la loi, est différente de l’idéal. En sorte que science et conscience sont en nous les deux sources de l’idéal, c’est-à-dire de la faculté que nous avons de considérer les choses d’après leur loi, et de tendre à les y ramener, et qu’un art qui se déclarerait indépendant de la science et de la morale irait contre son propre principe : ce serait une contradiction.

Je ne m’étendrai pas davantage sur ce sujet : il me faudrait répéter ce que j’ai dit de l’évolution historique de l’art, évolution dans laquelle nous l’avons vu suivre pied à pied la civilisation, et se faire rudement éconduire lorsqu’il, s’en écartait ; ce que j’ai dit ensuite de l’irrationalité de l’art aux dix-huitième et dix-neuvième siècles, irrationalité qui, dégénérant en orgie et débauche, a fini par tuer jusqu’au génie. Je me contente de rétablir ici le vrai principe, me confiant pour le surplus à l’intelligence du lecteur.

C’est contre cette théorie dégradante de l’art pour l’art que Courbet et, avec lui, toute l’école jusqu’à présent nommée réaliste s’élèvent hautement et protestent avec énergie.—Non, dit-il,—je traduis ici la pensée de Courbet d’après ses ouvrages, plutôt que je ne la cite d’après ses discours, — non, il n’est pas vrai que la