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ÉGYPTE : ART TYPIQUE

en sorte qu’il peut se manifester, se développer dans la superstition et la débauche, comme dans la science et la sainteté, produire des chefs-d’œuvre sur des sujets immoraux et absurdes, ni plus ni moins que dans la célébration des idées et de toutes les vertus civiques et domestiques.

Ainsi, parce que Jules Romain et autres ont fait, avec un merveilleux talent, des peintures obscènes, parce que Parny et Voltaire ont écrit, l’un la Guerre des dieux, l’autre la Pucelle, on s’est imaginé que l’art pouvait se suffire,- et que, tout le reste éteint, il aurait la puissance de faire revivre le cadavre et d’ennoblir l’humanité. On s’est abusé par le plus grossier sophisme. On n’a pas compris que des œuvres comme celles que je viens de citer sont des monstres, où la laideur du sujet est arbitrairement mariée à une forme belle, mais dès longtemps donnée et découverte. La .question, en effet, n’est pas de savoir si des artistes comme Voltaire et Jules Romain, venus à la suite du développement complet de la langue, de la littérature et de l’art, peuvent faire ce que bon leur semble de leur style et de leur pinceau : la question est de savoir si la langue et l’art seraient arrivés, sous l’influence d’œuvres comme la Pucelle et de gravures comme celles de l'Arétin, au point de perfection où ces grands artistes les ont trouvés. Les créateurs de la langue - française, ne l’oublions pas, sont Malherbe, Corneille,