Page:Proudhon - Du principe de l'art et de sa destination sociale.djvu/223

Cette page n’a pas encore été corrigée
211
ÉGYPTE : ART TYPIQUE

nous dit-il, je ne vois plus qu’une chose qui soit respectable : ce sont les pleurs des mères, des sœurs, des épouses ; c’est l’ignorance des enfants. Tout le reste est comédie, et, comme vous dites, sacrilège. Or ce sacrilège, vous ne l’apercevriez pas, âmes pourries et cadavéreuses que vous êtes, si la peinture ne vous le faisait entrer de vive force dans la conscience, par l’horreur même de la représentation. C’est pour cela, sachez-le, que Lamennais a voulu être jeté dans la fosse commune, comme un chien, sans cérémonie et sans cortége.- Puisque nos lois de police ne permettent pas à l’ami d’ensevelir dans le secret le corps de son ami, pensait l’auteur de l’Indifférence, dérobons-nous du moins à la curiosité indiscrète, et que le croque-mort banal en finisset.

Courbet s’est donc montré, dans le tableau de l’Enterrement, aussi profond moraliste que profond artiste ; il vous a donné la vérité sanglante, impitoyable ; en révoltant en vous l’idéal, il vous rappelle à votre dignité ; et s’il n’a pas fait une œuvre sans défaut, il en a fait une incontestablement salutaire et originale, que nous eussions jugée prodigieuse s’il nous restait le moindre sentiment de l’art, si notre âme, notre raison, notre intelligence, notre conscience n’étaient, pour ainsi dire, frappées d’anesthésie. Que pèsent ici toutes les réserves de la plus malveillante.critique ? « La composition de l'Enterrement viole toutes les règles...