qui pensent, qui agissent, qui souffrent, qui aiment, qui ont des passions, des intérêts, des idées, où l’idéal respire enfin, et votre pinceau, classique ou romantique, élégant et noble, les dédaigne ! vous affectez de ne les point apercevoir ! vous ne sauriez quel parti en tirer ! Vous nous donnez à leur place des héros de théâtre, des personnages de romans, des vierges du paradis, ou, ce qui revient à peu près au même pour nous autres, des noms historiques, des citoyens du Maroc ou de l’Arabie, une fantasmagorie, des ombres chinoises ! Savez-vous l’idée que vous me faites venir avec votre prétendu idéal ? C’est que vous n’avez point d’idéal du tout, que votre âme est a sec, que vous n’êtes propres qu’à faire des pantins, des poupées, des mannequins, des charges pour le Charivari ou des figurines pour le journal des modes. De la forme ! nous en avons de reste ; on vous l’a dit, il n’y a plus rien à faire pour vous de ce côté depuis les Grecs. Ce que l’on vous demande à cette heure, c’est, à travers la forme, de nous faire voir l’esprit. Pour cela, je vous en préviens, il vous faut une puissance d’idéal bien autrement grande que celle qui fit découvrir les fesses de Vénus ou le nez d’Apollon.
Oui, oui, Courbet a ses défauts ; je vous les passe tous, j’en ai appris moi-même quelque chose. Mais qu’on le critique en vertu de son idée, qu’on le juge d’après la loi qu’il s'est faite ; surtout qu’on n’ameute