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ÉVOLUTION HISTORIQUE

difficultés, et sur lequel j’appelle l’attention des artistes.

Tous les hommes qui ont reçu une certaine éducation, tous ceux qui ont acquis quelque illustration dans les, lettres, la philosophie, le droit ou la politique, l’industrie même, ont la prétention de se poser eh amateurs, en protecteurs de l’art et de s’y connaître. Prétention bienveillante, mais sur laquelle il importe que nous ne nous trompions pas, à peine des plus tristes mécomptes.

Nous venons de le dire, et je demande la.permission de le répéter encore une fois : point d’IDÉAL sans une idée préalable ; point de BEAUTÉ sans une forme donnée, sans un corps, type, matière ou sujet de l’art ; en deux mots, point d’esthétique sans une philosophie.

Or qu’arrive-t-il avec le mouvement incessant des idées, avec cette extension illimitée de nos connaissances ? Une chose à méditer profondément pour l’artiste : c’est que les idées s’idéalisant, pour ainsi dire, de plus en plus par leur détermination, il vient un moment où, sur une multitude de choses, l’idéal se confond avec l’idée, au point que l’art semble hors d’emploi, et l’artiste à sec.

Qu’était, par exemple, l’idée de Dieu au début des religions ? Une idée concrète, d’abord matérielle, puis zoomorphique, plus tard anthropomorphique, dont l’épuration aboutit à la conception d’un être supérieur,