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ÉGYPTE : ART TYPIQUE

d’étonnant, après cela, que l’art souffre, qu’il périsse dans la plus honteuse des morts ?

Ce n’est pas tout. Nous avons vu (chap. iv à vii) que sous le règne de l’idéalisme égyptien, typique et symbolique ; de l’idéalisme grec, voué au culte de la forme ; de l’idéalisme chrétien ou gothique, plein d’une spiritualité auparavant inconnue, et même de l’idéalisme ambigu de la Renaissance, la communauté d’idéal donnée par la religion et les mœurs développait entre les artistes une puissance de collectivité qui élevait très-haut les talents, plus haut qu’ils n’eussent jamais su se porter dans des méditations indépendantes et solitaires. C’est ainsi que la recherche universelle, intense, des figures divines a fait, - par l’effort simultané et longtemps prolongé des artistes, la supériorité de la statuaire grecque. C’est, encore ainsi que s’est déroulée l’architecture du moyen âge. J’ai vu les cathédrales de Paris, de Chartres, d’Amiens, de Strasbourg, de Cologne, d’Anvers, de Gand, et je me suis dit à chacune que ces monuments, par leur immensité et leur variété, étaient comme de grands poëmes ; qu’un seul maître peut bien en donner le plan, mais qu’une semblable conception n’éclôt dans une tête individuelle qu’après une longue suite d’études : ce qui suppose une série d’essais, d’efforts, de monuments, auxquels une foule d’artistes ont pris part, et dont les derniers venus, pour peu qu’ils