Nous en sommes là. Notre nation, à qui depuis la Révolution de 89 il appartenait, ce semble, de résumer les traditions de tous les âges, puis de reprendre et creuser la pensée hollandaise, a fait, jusqu’à présent, défaut à cette mission. Les talents n’ont pas manqué ; l’intelligence seule s’est montrée insuffisante. Nous n’avons su rien imaginer de mieux, dans notre présomptueuse ignorance, que de jouer avec un passé fini, que nous admirions d’autant plus que nous le comprenions moins. Nous avons beaucoup travaillé, beaucoup produit, beaucoup discuté, et pour arriver à quoi, grand Dieu ! au néant. Les anciens, en obéissant à l’esprit qui les animait, étaient vrais dans leur art ; c’est pourquoi ils ont mérité la louange de la postérité, qui a déclaré leurs œuvres immortelles. Nous, nous n’avons su qu’imiter, copier les anciens, sans songer à produire notre propre idéal, sans nous douter que,